Ano 2011 podera ser o ano mais seco que à memoria,batendo a grande seca de 1976
La sécheresse de 1976 en Suisse et le point sur la situation actuelle
La situation devenant préoccupante du point de vue de la sécheresse actuelle, MétéoSuisse a fait une étude comparative avec la dernière grande sécheresse du XXème siècle, celle de 1976.
Pratiquement aucune définition de la sécheresse n'inclut la notion de « température », ce qui porte un coup fatal à l'idée bien ancrée dans la « conscience populaire » d'un lien très fort entre chaleur, canicules et sécheresse. En effet, il peut y avoir sécheresse dans des endroits situés aux latitudes polaires, ou encore aux latitudes tempérées mais durant la période hivernale (au Tessin notamment). Cependant, il est évident qu'une sécheresse survenant au printemps ou en été, c'est-à-dire pendant la période de végétation, aura un impact nettement plus fort que durant l'automne ou l'hiver. Concrètement, c'est généralement en été que les effets d'une sécheresse commencée bien plus tôt se font le plus dramatiquement sentir. C'est pour cette raison, que les sécheresses les plus mémorables depuis 1864 furent également liées à d'importantes vagues de chaleur estivales ; ce fut notamment le cas en 1921, 1947 (canicule la plus importante du 20ème siècle avec une période de retour estimée à 6100 ans (Kuhn, 1948)) et 2003 ; toutefois d'importantes sécheresses (1884, 1953, 1976) ne furent pas corrélées à des températures estivales exceptionnelles.
En revanche, le débit et le niveau des cours d'eau non alimenté directement par la fonte des glaces est une indication très importante du degré de sécheresse et de son impact sur l'environnement et l'agriculture.
Situations météo responsables des sécheresses
Il arrive parfois que la vitesse de déplacement des perturbations soit si faible que le système est pour ainsi dire bloqué. La forme de l'ondulation ainsi bloquée affectant celle de la lettre grecque Oméga, les météorologues ont appelé cette configuration un « bloc oméga », ce dernier pouvant se maintenir de une à plusieurs semaines. Un pays qui, dans une telle situation, se retrouverait sous l'influence d'une crête de haute pression ne verrait pas la moindre goutte de pluie jusqu'à ce que les ondulations se remettent en mouvement.
Un bloc oméga persistant durant plusieurs mois n'est pas un scénario très réaliste, mais on peut imaginer durant la même année plusieurs situations bloquantes, entrecoupées de périodes de pluie peu actives et produisant des cumuls insuffisants. Dès lors, la sécheresse s'installe et s'intensifiera pendant les périodes de fortes chaleurs. Dans les cas extrêmes, la mort d'une partie de la végétation, donnant à cette dernière une couleur brune ou noirâtre, renforcera encore le phénomène en diminuant l'albédo et en piégeant une partie plus importante du rayonnement solaire, d'où réchauffement accru.
Bloc oméga de début août 2003
Bloc oméga de début août 2003
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Les grandes périodes de sécheresses en Suisse
Depuis le début des mesures réalisées en Suisse en 1864, plusieurs périodes de sécheresse ont pu être mises en évidence, illustrées pour le nord et le sud des Alpes par les deux graphiques ci-dessous :
Précipitations annuelles pour le sud des Alpes entre 1864 et 2009
Précipitations annuelles pour le sud des Alpes entre 1864 et 2009
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Précipitations annuelles pour le nord des Alpes entre 1864 et 2009
Précipitations annuelles pour le nord des Alpes entre 1864 et 2009
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La plupart des sécheresses (mais pas toutes...) frappèrent indifféremment le nord et le sud des Alpes, et s'étendirent bien au-delà de l'arc alpin. Parmi les périodes de sécheresse les plus importantes ressortent en particulier celles de 1884, 1921, 1947, 1953, 1976 et 2003. Nous allons examiner plus précisément la sécheresse de 1976, à laquelle nous comparerons la situation actuelle.
La sécheresse de 1976
L'année 1976 fut marquée par le plus gros déficit pluviométrique enregistré au nord des Alpes depuis 1870 entre les mois de janvier et juin.
cumuls de précipitations sur le Plateau entre janvier et juin (de 1864 à 2003) ; moyenne entre Bâle, Berne, Genève et Zürich
Cumuls de précipitations sur le Plateau entre janvier et juin (de 1864 à 2003) ; moyenne entre Bâle, Berne, Genève et Zürich
Cumul de précipitations de janvier à juin 1976 (en % de la norme)
Bâle Chaumont Berne Château-d'Oex Genève Sion Lugano Zurich Davos Sils-Maria
48% 38% 36% 52% 52% 48% 47% 49% 61% 33%
Il est intéressant de constater que durant cette période de sécheresse, les températures furent généralement plus fraîches que la norme, à l'exception du mois de juin.
Ecart à la norme (ligne pleine) des températures à Genève durant l'année 1976
Ecart à la norme (ligne pleine) des températures à Genève durant l'année 1976.
1976 Rang Cumul annuel % de la norme nombre de jour % de la norme
Bâle 5 519 mm 67 94 78
Chaumont 11 825 mm 67 118 85
Berne 10 725 mm 71 97 78
Château d'Oex 18 1087 mm 80 114 82
Genève 40 1005 mm 105 95 84
Sion 13 524 mm 88 73 88
Lugano 105 1825 mm 118 103 100
Zürich 31 962 mm 89 116 86
Davos 97 1086 mm 109 120 94
Sils-Maria 100 1074 110 101 97
En moyenne annuelle, cette année 1976 n'apparaît pas dans les statistiques comme l'année la plus dramatiquement sèche depuis le début des mesures est semble avoir été moins intense ou généralisée que celle de 1884 ou 1921. Cependant, elle apparaît en bonne position pour certaines stations du nord des Alpes, en particulier pour Bâle, Chaumont, Berne, Château d'Oex et Sion. Il est frappant de constater qu'en terme de « jours de pluie », cette année fut très déficitaire pour l'ensemble des stations à l'exception de Lugano, en revanche, en terme de cumuls elle fut excédentaire pour les stations du sud des Alpes et pour Genève. En d'autre terme, il a plu rarement, mais abondamment au sud et dans l'extrême ouest, en particulier à partir du mois d'août. Cette configuration est très caractéristique des situations de foehn, sans doute pas excessivement nombreuses mais très actives dès la fin de l'été et qui permirent aux régions les plus arrosées de combler le déficit pluviométrique du début d'année.
Graphique des écarts à la norme des cumuls de précipitations pour certaines stations de janvier 1975 à décembre 1976
Graphique des écarts à la norme des cumuls de précipitations pour les stations du tableau ci-dessus, de janvier 1975 à décembre 1976
Au vu du graphique ci-dessus, on constate que la sécheresse de 1976 trouve largement son origine dans les mois qui précèdent, lesquels furent - à l'exception des mois d'août, septembre et novembre - généralement plus secs que la norme, du moins au nord des Alpes. La période de plus forte intensité du phénomène se produisit de décembre 1975 à juin 1976, le mois de juillet apportant quelque répit, probablement très insuffisant. On notera au passage que 1975 fut l'année la plus sèche jamais enregistrée à Sion !
Cette année 1976 s'inscrit du reste dans une décennie exceptionnellement sèche dont un nombre significatif d'années (1971, 1972, 1973, 1975) figurent au palmarès des années les plus sèches pour les stations de Genève et Sion, actives respectivement depuis 1950 et 1958.
Comparaison entre la sécheresse de 1975/76 et la sécheresse actuelle
Les tableaux ci-dessous comparent l'écart des précipitations mensuelles par rapport à la norme des stations de Château-d'Oex, Chaumont, Genève et Sion, de janvier à avril de l'année suivante pour 75/76 et 10/11. Pour avril 2011, les cumuls vont jusqu'au 15 avril. Ils risquent de peu augmenter d'ici la fin du mois (voir à ce sujet le diagramme de Hovmoller ci-contre).
Le tableau ci-dessous donne la même information sous forme de pourcentage. Il indique donc l'écart moyen par rapport à la norme des précipitations cumulées depuis janvier de l'année précédente à avril de l'année en cours. Pour avril 2011, les cumuls vont jusqu'au 15 avril. Ils risquent de peu augmenter d'ici la fin du mois (voir à ce sujet le diagramme de Hovmoller ci-contre).
Année Bâle Chaumont Berne Château-d'Oex Genève Sion Lugano Zurich Davos
75-76 80% 80% 76% 73% 101% 69% 101% 93% 84%
10-11 86% 72% 74% 60% 69% 67% 114% 76% 80%
On constate donc que, mis à part pour les stations de Bâle et Lugano, le déficit de précipitations enregistré à ce jour depuis le début de l'année 2010 est plus important que lors de la sécheresse de 1976. Ceci est particulièrement vrai pour les stations de Genève, Château-d'Oex et Zurich.
Les chiffres sont plus effrayants encore si l'on compare uniquement les mois de janvier à avril de 1976 et 2011 (ci-dessous) :
Janvier-Avril Bâle Chaumont Berne Château-d'Oex Genève Sion Lugano Zurich Davos
1976 57% 45% 39% 57% 55% 63% 47% 56% 60%
2011 63% 37% 37% 37% 29% 24% 51% 38% 38%
Si l'on considère que la période de janvier à juin 1976 fut la plus sèche jamais enregistrée depuis 1870, il est très préoccupant de constater que les quatres premiers mois de 2011 sont encore plus secs que les mois correspondants de 1976, et même très nettement pour les stations de Genève, Sion, Château-d'Oex, Zurich et Davos ; et ceci avec un historique des 12 mois précécents également plus déficitaire.
En conclusion
L'année 2011 semble bien partie pour figurer en bonne place parmi les sécheresse qui ont frappé la fin du 19ème et le 20ème siècle. Pour combler le déficit d'ici à début juillet, les quantités (en mm) devraient être les suivantes :
Bâle Chaumont Berne Château-d'Oex Genève Sion Lugano Zurich Davos
Total 254 462 409 513 344 240 593 413 359
Par jour 3.3 6.1 5.5 6.8 4.6 3.2 7.9 5.5 4.8
Les perspectives pour la fin avril ne sont pas encourageantes, avec un bloc oméga tenace au-dessus des Alpes pour les dix prochains jours environ, comme le montre le diagramme de Hovmoller ci-contre, ainsi que les prévisions de précipitations pour Genève ci-dessous. Toutefois, le mois de mai peut encore réserver de bonnes surprises, avec des précipitations dynamiques pouvant affecter toutes les régions. En juin, la prédominance de situations orageuses rend plus difficile un arrosage systématique de toute la Suisse romande...